Portrait de Chimiste : Nicolas Somers

Nicolas Somers

Chercheur post-doctoral au Georgia Institute of Technology, spécialiste de l’impression 3D de céramiques

Nicolas Somers, 26 ans, est un jeune Docteur en Chimie des Matériaux de l’Université Polytechnique Hauts-de-France, spécialiste de l’impression 3D de céramiques.

Pourquoi avez-vous choisi d’étudier la Chimie à l’Université de Liège ?

J’ai toujours voulu étudier la Chimie depuis mon entrée à l’école secondaire. Je trouvais fascinant cette science qui permet de « manipuler » la matière et de créer des choses utiles et complexes à partir de composés simples. J’ai donc toujours choisi les options math-sciences en secondaire et c’est naturellement que je me suis inscrit en Chimie à l’Université de Liège. C’était l’option la plus pratique à l’époque pour moi car j’habitais à 15 km de l’Université. Je n’ai jamais regretté mon choix.

Comment s’est fait le choix de votre Master en Chimie ?

J’ai décidé de choisir le Master en Chimie, à finalité spécialisée pour avoir une expérience en entreprise. Finalement, j’ai bien fait puisque c’est grâce à ce stage que j’ai trouvé le projet de mon doctorat. Comme quoi, les Masters ne sont pas fermés et on peut très bien faire une thèse après un Master à finalité spécialisée.

Que vous a apporté votre formation sur le plan personnel ?

Durant ma formation, ma confiance en moi n’a fait que grandir et j’ai pu m’ouvrir davantage au monde extérieur. A l’université, j’ai également pu améliorer mes compétences de communication et c’est devenu très utile dans la vie de tous les jours. Finalement, je me suis fait d’excellents amis lors de mon parcours et ces amitiés vont rester pour la vie.

Qu’avez-vous fait après votre Master ?

Après l’obtention de mon diplôme de Bachelier (2016) et de Master (2018) en Sciences Chimiques à l’ULiège, je suis parti en France réaliser une thèse de doctorat sur l’impression 3D de biocéramiques à l’Université Polytechnique Hauts-de-France. Cette thèse était financée par un projet européen (Programme H2020, Action Marie Curie) et s’est terminée en décembre 2021 après 3 ans. J’ai eu vent de ce projet via la start-up Cerhum SA au Sart-Tilman où j’avais eu la chance de réaliser mon stage en entreprise de Master 2.

Pourquoi avez-vous décidé de suivre ce doctorat ?

J’ai choisi de faire ce doctorat pour plusieurs raisons. Premièrement, j’étais assez frustré à la fin de mon Master car je n’avais pu aller au bout de mon travail de recherche pour le mémoire. J’avais donc un désir de continuer dans la recherche et j’ai pu trouver une offre de thèse dans le domaine, presqu’identique à mon sujet de mémoire. Ensuite, j’étais extrêmement attiré par ce projet européen car il regroupait des chercheurs de toute l’Europe. L’idée de voyager et de me faire de nouvelles connaissances a vraiment pesé dans ma décision. Finalement, il est important de nos jours d’avoir une carrière internationale, surtout dans le monde académique. C’était donc un bon choix de carrière que d’aller faire mon doctorat en France.

Quelle est votre position actuelle et quelles sont vos missions ?

Je suis actuellement chercheur postdoctoral à l’université américaine Georgia Institute of Technology (Atlanta). Typiquement, je mène des travaux de recherche sur l’impression 3D de céramiques et je supervise quelques étudiants sur leurs projets de Master. Comme c’est un sujet assez nouveau, il faut que l’on soit créatifs au niveau des idées de recherche pour rester à la pointe de l’innovation. Une grande partie du travail consiste donc à lire des articles de la littérature sur le sujet.

Quel est l’aspect de votre métier qui vous plait le plus ?

L’aspect qui me plaît le plus dans mon métier est l’interaction avec d’autres chercheurs lors de réunions ou conférences. J’ai appris au cours des années que la recherche scientifique peut difficilement se faire sans collaborations et il est alors très important de se former un réseau de collègues. De telles collaborations scientifiques permettent en effet d’avoir une vision plus étendue de notre domaine de recherche, de découvrir d’autres sujets, d’avoir accès à d’autres équipements, de voyager et, parfois, de se faire des amis. L’aspect social peut, dans certains cas, devenir plus important que le travail en laboratoire.

Travaillez-vous seul ou en équipe ?

Je travaille en équipe sur des projets interdisciplinaires. Je trouve cela très intéressant et instructif.

Êtes-vous amené à voyager ?

Oui, je suis amené à beaucoup voyager pour présenter les résultats de mes recherches à des conférences nationales et internationales. Il m’arrive aussi de me déplacer sur de plus longues périodes (quelques semaines) pour réaliser des expériences dans d’autres laboratoires.

Quels sont vos projets pour le futur ?

Dans le futur, je me vois passer 1 ou 2 ans ici aux États-Unis avant de revenir en Europe. Idéalement, j’aimerais rester dans le domaine académique en trouvant une position de chercheur ou d’assistant. Si cela n’est pas possible, je me vois également tenter l’aventure en industrie.

Quelles qualités faut-il selon vous pour exercer votre métier ?

Curieux, pro-actif, sociable, autonome, rigoureux et optimiste.

Pourquoi, selon vous, faut-il étudier la Chimie ?

Selon moi, les études de chimie font partie des études les plus complètes et nous permettent de faire presque tout ce que l’on souhaite par la suite. La Chimie est présente partout et en connaître les bases permet d’avoir une longueur d’avance pour comprendre le monde qui nous entoure. Je trouve que la formation donnée aux chimistes à l’Université de Liège est très complète puisque tous les domaines de la Chimie y sont enseignés. Cela donne une formation générale avec laquelle on peut facilement se spécialiser dans n’importe quel domaine, armé de bonnes bases. Pour moi, étudier la Chimie m’a également appris à apprendre constamment de nouvelles choses, à être critique vis-à-vis de ce que je lis ou j’entends (très utile en ce moment avec ces « fake news ») mais surtout à être curieux. Ces qualités sont devenues essentielles dans le monde d’aujourd’hui pour s’adapter et progresser. Pour terminer, je dirais que tout le monde a besoin de chimistes. Ayant eu la chance de travailler sur différents projets, j’ai pu remarquer que les biologistes, les physiciens, les ingénieurs sont contents de pouvoir compter sur des chimistes pour concrétiser leurs idées. En effet, comme dirait Jean-Marie Lehn (Prix Nobel de Chimie), « Le propre de la chimie n’est pas de découvrir seulement, mais d’inventer et, surtout, de créer. Le Livre de la chimie n’est pas seulement à lire, il est à écrire. La partition de la chimie n’est pas seulement à jouer, mais à composer. »

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui veulent se lancer dans des études de Chimie ?

Un conseil que je donnerais aux jeunes qui veulent se lancer dans la chimie c’est de foncer et de se donner les moyens d’y arriver. Cela va demander beaucoup de travail et d’efforts mais cela en vaudra la peine. Durant vos études, vous allez grandir et découvrir ce que vous voulez vraiment faire plus tard. Profitez à fond de cette période qui, pour moi, est la meilleure. Travaillez mais ne négligez pas les relations sociales, si importantes pour la suite. Il y a des choses qu’on ne peut pas apprendre en amphithéâtre. Pour cela, je vous encourage à vous engager auprès d’associations, de cercles et comités d’étudiants pour développer vos relations sociales et bien d’autres choses encore.

Pouvez-vous partager une anecdote avec les chimistes de l’ACLg ?

L’ACLg est l’un des premiers réseaux que j’ai connus et c’est en partie grâce à l’ACLg que j’ai appris l’importance du networking. Grâce à eux, les chimistes sentent qu’ils appartiennent à une communauté sur laquelle ils peuvent compter dans les bons et mauvais moments de la carrière. J’ai eu la chance d’obtenir le prix ACLg en 2018, ce qui a renforcé ma confiance en moi et a lancé ma carrière de chimiste. Merci à l’ACLg pour tout ce qu’ils font pour la chimie et les chimistes.

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Publié par Wendy Müller, le 23 février 2022

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